vendredi 1 août 2014

Livre. Tout ce que j'aimais, une plongée perturbante dans le milieu artistique new-yorkais.

 
Tout ce que j'aimais, sorti en 2003, ne fait pas exception dans la bibliographie de Siri Hustvedt -Un été sans les hommes, Élégie pour un Américain, L'Envoûtement de Lily Dahl. L'auteur américaine excelle pour réunir érudition et fiction. Elle part de l'humain, en l'occurrence une histoire d'amitié entre deux couples new-yorkais, pour soulever des questions artistiques et sociétales, plus précisément, ce qui touche aux désordres psychologiques.


Sur 453 pages, on plonge dans le milieu artistique et élitiste de New-York. Sur deux décennies, des années 70 à 90, on s'engoue pour la vie de deux couples qui se lient d'amitié jusqu'à la fusion. A part Bill Wechsler., fameux artiste contemporain, Léo, Erica et Violet sont universitaires. Malgré un cadre de vie idyllique, ils n'échappent pas aux problèmes du commun des mortels : divorce, deuil, maladie, etc.

Réflexion passionnante sur l'art

Léo est professeur d'histoire de l'art . Les oeuvres de son ami Bill, personnalité mystérieuse et hédoniste, vont le captiver, jusqu'à en faire les objets de ses écrits universitaires. Des questions émergeront : dans quelle mesure l'artiste apparaît-il dans son oeuvre ? Peut-on, à partir d'une oeuvre, décoder tout ce qu'à voulu exprimer le créateur ? En somme, des interrogations qui divisent régulièrement les intellectuels
Dommage, néanmoins, dans un élan presque naturaliste, l'auteur a tendance à perdre son lecteur lorsqu'elle décrit longuement les créations de Bill. L'art n'est pas fait pour s'apprécier sur le papier.

L'autre problématique surgit alors que Léo est confronté à Teddy Giles. L'artiste, parangon de la provocation, jouit de choquer ses spectateurs. Multipliant les expositions où sont réunis faux cadavres, sexe et armes.  Siri Husvedt nous interroge : peut-on tout accepter sous prétexte de la création ?  Dans quelle mesure l'art peut-il déborder sur le réel ?  Et, sous entendu, n'est-ce pas le résultat d'une société américaine avide de sensation  ?

Immersion dans la folie


Parallèlement à cette thématique sociétale, Siri Hustvedt se penche sur les désordres psychologiques : hystérie, anorexie, psychopathie. Et ce, via le personnage de Violet, femme de Bill et chercheuse en sociologie. Une peinture fascinante grâce à des exemples d'individus victimes de ses troubles.

D'ailleurs, ce qui tient en haleine dans ce livre, c'est le cas Mark, fils de Bill. Ses petits mensonges et vols, a priori bénins, cachent en fait une personnalité dérangée et dangereuse. Jusqu'à la fin on se demande : de quel mal souffre-t-il ? Jusqu'où vont aller ses actes sordides ?

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