vendredi 8 août 2014

Cinq bonnes raisons de visiter, ou pas, l'expo Dessiner, pour créer

Dessiner pour créer montre pour la première fois une importante sélection de plus de cent dessins français des plus grands artistes des XVIe et XVIIe siècles français (Jacques Bellange, Simon Vouet, Eustache Le Sueur, Noël Coypel…). Une exposition qui vaut avant tout parce qu'elle témoigne d'une époque et des techniques de grands maîtres.

 
À gauche : Noël Coypel, étude pour la calomnie. À droite : Nicolas Chaperon, un satyre. | Jean-Manuel de Salingue, musée des beaux-arts de Rennes.

Une collection unique de dessins

Une chance, le musée des Beaux-Arts de Rennes possède une des plus importantes et remarquables collections de dessins : près de 1500 spécimens issus en grande partie du cabinet de curiosités du marquis de Robien. Pour l'expo qui nous intéresse, le musée en a sélectionné une centaine datant des XVIe et XVIIe siècles. C'est beaucoup, peut-être trop. Il est difficile de les apprécier en une seule fois sans saturer. D'autant que le dessin demande souvent une grande attention pour bien discerner les traits.

La maîtrise de l'outil

Qui n'a jamais rêver de connaître les dessous d'un tableau ? Les techniques des grands maîtres ? Hachures, dessin à la pointe ou sur la tranche, travail d'estompe et d'ombrage, rehaut de lumière...Comme l'indique le titre de l'expo, Dessiner pour créer, les oeuvres témoignent admirablement du travail de l'artiste. On devine les gestes de sa main qui élaborent l'esquisse.



La liberté du trait

L'avantage de l'esquisse ? L'artiste, parce qu'il s'agit d'un brouillon, ne craint pas de se tromper. On observe de fait une grande spontanéité dans le geste. À admirer, l'énergie avec laquelle Simon Vouet a élaboré ses dessins, notamment L'Étude d'homme drapé à mi-corps. Ils vibrent et vivent.
De même, par définition, les créateurs ne sont pas tenus de densifier ou achever une esquisse. Le rendu n'en est que plus poétique. Un bon exemple : La Tête de vieillard croquée rapidement par le maniériste Jean Boucher. Lequel n'a choisi d'accentuer que les yeux, siège de l'expression. Le reste n'est que suggéré, laissant libre court à l'imagination.

Raconteurs d'(H)histoire

Quelques soit la technique, la période, le courant, les dessins ont la vertu de narrer un événement. Quel bonheur de se replonger dans les vicissitudes de la mythologie ! Charles Carmoy a illustré Les Chasses de Diane. Son dessin de travail, qui deviendra à terme une tapisserie, cache de nombreuses scénettes à interpréter.
Il y a aussi les dessins religieux, les allégories, les portraits d'aristocrates...Tous témoins d'une époque

Du maniérisme exubérant au classicisme rigoureux

Le maniérisme, auquel l'exposition consacre une bonne partie, diffuse un lyrisme délicieux : courbes, lignes serpentines, posture théâtralisée presque sensuelle, etc. La plume fine et bouclée du maître Bellange, soulignée par un lavis, confère une grâce à sa femme esquissée.
Après le manièrisme, le classicisme s'impose en France par l'intermédiare d'un grand maître du genre, Poussin. Ce qu'on appellera l'Atticisme parisien. Il y a indéniablement une harmonie et une virtuosité dans les dessins classiques, particulièrement remarquables chez Dufresnoy. Mais cette recherche absolue de perfection finit par figer, et du même coup écraser la beauté. Le travail de Le Sueur, et surtout celui de l'académiste Noël Copel, laisse froid.

Jusqu'au 17 août, au musée des Beaux-Arts, 20, quai Emile-Zola, le mardi de 10 h à 18 h, du mercredi au dimanche de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Tarif : 5 €/3 €. Gratuit pour les moins de 18 ans, et pour tous, le premier dimanche du mois.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire