lundi 25 août 2014

Livre. "Comment j'ai appris à lire" excitera-t-il votre envie de lecture ?


Si vous détestez lire, ce récit ne vous guérira pas

Parcours personnel
Il est certes passionnant de découvrir comment une femme, aujourd'hui illustre écrivain mais qui boudait les livres enfant, est parvenue à se passionner pour la lecture. On se dit qu'elle va transmettre le virus. Ce serait trop lui demander.
Le récit raconte un parcours personnel. L'auteur y réalise son auto-psychanalyse. Pourquoi les livres l'ont si longtemps angoissée ? lui donnant une impression "d'annexion, de colonisation des sentiments" ? Comment se fait-il que les classiques lui filaient de l'urticaire ? Alors qu'à l'inverse, les calembours, l'exotisme, l'extraordinaire, la rassuraient.
Comme une enquête, l'écrivain remonte jusqu'à l'enfance - ses origines étrangères, le malheureux passé de ses aïeux, la découverte du sexe opposé - pour chercher les causes de cette étrange "maladie". On suit les étapes de sa "thérapie": symptômes, rémission, "rechute", "guérison".
Une thérapie qui lui est propre et ne pourra évidemment pas s'appliquer à tous les allergiques à la littérature

Fausse modestie
Il serait abusif de dire qu'enfant elle ne lisait pas. Petite, elle se jetait à corps perdu sur la ouvrages humoristiques, fantaisistes et les polars. Ado, elle a dévoré l'oeuvre entière de Camus, Duras et Faulkner. Plutôt pas mal pour quelqu'un qui ne "savait pas lire".
Les véritables non-lecteurs, les phobiques des pages sans images, ne s'y reconnaîtront probablement pas.

Si vous adorez lire, vous vous reconnaitrez

Il faut bien plus qu'une belle histoire pour captiver Agnès Desarthe. Si l'écriture n'est pas ingénieuse, fantasque, elle s'ennuie. Elle est obsédée par "la forme", plutôt que par le fond.
Alors que beaucoup s'éprennent d'intrigues qui se lisent d'une traite, elle adore que les livres lui résistent, que l'auteur laisse poindre une ambiguïté, un sens caché qu'elle s'amuse à déterrer.
Longtemps, l'auteur n'a pas assumé cette particularité. Aujourd'hui, elle l'exploite pleinement puisqu'elle exerce le métier de traductrice.
Les grands lecteurs ne pourront que s'identifier. A force de parcourir les lignes, la sensibilité s'aiguise, l'oeil critique aussi. La performance littéraire devient nécessaire.
Quel bonheur d'écouter le rythme saccadé de Duras, de déguster les calembours et le symbolisme d'Echenoz, d'observer qu'aucun mot écrit par Flaubert n'est interchangeable, de s'abandonner dans le style poétique et incantatoire de Carole Martinez, de débusquer la profondeur humaniste qui se niche sous l'apparent brouhaha des Essais de Montaigne, etc.

Comment j'ai appris à lire, Agnès Desarthe
Quatrième de couverture : « Apprendre à lire a été, pour moi, une des choses les plus faciles et les plus difficiles. Cela s’est passé très vite, en quelques semaines ; mais aussi très lentement, sur plusieurs décennies.
Déchiffrer une suite de lettres, la traduire en sons fut un jeu, comprendre à quoi cela servait fut une traversée souvent âpre, et, jusqu’à l’écriture de ce livre, profondément énigmatique. »
Comment apprend-on à lire ? Comment notre désir de lecture peut-il être entravé ? Comment l’écriture peutelle rendre meilleur lecteur ? Cheminant à travers ses souvenirs, Agnès Desarthe mène une enquête passionnante, puisant au coeur d’un secret : celui de n’avoir pas aimé lire pendant longtemps.


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