mardi 24 décembre 2013

Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre

Un Goncourt bien mérité             5 / 5

 

Ce livre est un chef d'oeuvre. Mon coup de coeur de l'année. Pierre Lemaitre maîtrise la littérature. Mais n'oublie pas, pour autant, qu'il doit accrocher le lecteur. Il y arrive à la perfection. Le patron de la librairie Le Failler, à Rennes, a même craint qu'il n'ait pas le Goncourt.

"Le jury risque de le trouver trop populaire. Et c'est bien vrai, je suis en rupture de stock".
Visiblement, Au revoir là-haut ensorcelle aussi bien l'élite que le lecteur lambda.

Commerce d'après-guerre


Albert et Edouard n'ont rien en commun. L'un est peureux, l'autre brave. Le second est richissime, l'autre pauvre. Leur chemin se croisent dans les tranchées de la guerre 14-18. Ils sellent leur destin  le jour où Edouard sauve Albert. En échange, Albert soutiendra Edouard lorsque la bataille terminée, celui-ci doit vivre avec la gueule arrachée. Ensemble, ils affrontent traumatisme post-guerre, maladie, drogue, misère. Un jour, ils décident de profiter du commerce de l'après-guerre. Mais il y a de la concurrence. Des magnats du commerces qui profitent, avec gourmandise, de la destruction du pays et du chagrin des autres

Ecrivain de polars


Jusqu'à ce livre, Pierre Lemaitre écrivait des polars. Cela se sent. L'écriture est nerveuse.  Il parvient à instaurer du suspens même sur des scènes à priori sans soubresauts. La plus insoutenable reste celle où Albert se retrouve enseveli sous la terre.  Les descriptions excitent nos sens, filent des frissons, dégoûtent. La blessure d'Edouard suinte, pue la mort. Toute sa mâchoire a été arrachée. On voit sa gorge.

L'écrivain n'épargne personne. Et encore moins les profiteurs. Il s'éclate (et nous aussi) à souligner, jusqu'au grotesque, leur méchanceté, leur perversion. Et leur physique qui va avec. Sa capacité à analyser la psychologie des personnages relèvent du génie

Mais tout n'est pas noir. La maladresse d'Albert, la folie d'Edouard prête à sourire. Et même rire. L'amitié entre eux est forte, émouvante. Le final, tragique, nous arrache même quelques larmes.

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