lundi 18 août 2014

Film. Le Beau monde ou Alice au pays des bourgeois


Le Beau Monde 
Réalisé par Julie Lopes-Curval (Mères et filles, Toi et moi, Bord de mer)    
Avec Ana Girardot, Bastien Bouillon, Baptiste Lecaplain, Aurélia Petit...
Résumé Alice, 20 ans, vit à Bayeux. Elle travaille la laine, crée des teintures, confectionne des vêtements. Elle ne sait que faire de ce talent inné, jusqu'à ce qu'elle rencontre Agnès, une riche parisienne, qui l'aide à intégrer une prestigieuse école d'arts appliqués. Alice laisse tout derrière elle pour aller vivre à Paris. (Source : Allociné)    


Peinture sociale

La différence de classe sociale, autrement dit le fait que l'on soit issu d'une famille riche ou pauvre, détermine notre parcours scolaire et professionnel. Dit comme ça, le propos du film paraît banal. Si ce n'est qu'il a l'originalité de se focaliser sur le milieu artistique.
Alice rêve d'oeuvrer dans la mode. Mais elle part de loin. Ou plutôt d'un milieu modeste. Elle vit dans un petit appartement de banlieue avec sa mère. Laquelle se bat pour récupérer une prime de licenciement. Manon, sa meilleure amie, travaille dans un salon de beauté, et cite davantage Marc Lévy que Marcel Proust.



Un milieu insidieusement cruel

Tandis qu'Alice travaille dans un salon de thé, le hasard met Agnès sur sa route. La bourgeoise vit dans un château et ne semble pas avoir besoin de travailler. Elle va aider la jeune fille à intégrer "le beau monde" : une école d'art prestigieuse de Paris. Mais, et c'est à partir de là que le film devient vraiment intéressant, intégrer le beau monde n'est pas se faire accepter.
Malgré ses efforts, Alice rame. Alors qu'elle montre l'oiseau qu'elle a tricoté, sa prof lui enjoint à sortir du style "Modes et Travaux". Un autre enseignant moque la rose qu'elle a brodée : belle mais insipide. La provinciale a dû mal à suivre, quand ses camarades, visiblement sortis de la crème de la crème, citent Brancusi ou s'élèvent dans des considérations philo-artistiques.
D'après la réalisatrice, le milieu artistique serait, mine de rien, favorable à la "classe dominante", pour citer Bourdieu. Et son constat est aussi cruellement fataliste que le sociologue a été déterministe.

Aimer l'autre différent

Le plus bouleversant dans le film émerge quand cette inégalité sociale se manifeste aussi dans l'amour. Alice va vivre une histoire passionnée avec Antoine - brillant Bastien Bouillon, déjà remarqué dans 2 automnes, 3 hivers - , fils d'Agnès. Evidemment, tout les oppose. Elle galère pour réussir, lui, tout lui tombe tout cuit dans la bouche. Il veut se lancer dans la photo ? Tandis que sa mère lui propose immédiatement des contacts de magazines, un ami lui offre la possibilité d'exposer dans une galerie. Elle est fragile, il a confiance en lui. Fascinée et même envieuse de cet homme qui possède tout ce qu'elle n'a pas, elle va se perdre dans cette relation.

Une réussite

Au final, Le Beau monde parvient à rendre attrayant un sujet sociologique. Même à nous émouvoir. Et ce, malgré quelques maladresses. Les grandes ellipses, qui certes dynamisent le rythme, perdent le spectateur. Ana Girardot est pleine de charme mais son jeu manque parfois de sincérité et de consistance.














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