mardi 9 décembre 2014

Borbès : "Je suis un artiste commercial"

À l'heure où il est de bon ton, dans le milieu artistique, de se faire discret, de sélectionner ses lieux d'expo, de vendre cher, le peintre Borbès va à contre-courant. Son but : "Toucher un maximum de gens." "Je suis un artiste commercial et j'assume", glisse-t-il au milieu d'un discours qui file à cent à l'heure. Rencontre avec un homme aussi humble que cabotin, aussi généreux qu'égocentré.




On te voit beaucoup en ce moment ?

Je n'en reviens pas, j'expose aux quatre coins de la France. Neuf lieux accrochent mes tableaux en permanence : le restaurant Coté Patio à Vannes, la résidence hôtelière En Aparte à Porto-Vecchio,  le bar-restaurant New Castlenois à Neufchâtel-en-Saosnois, l'opticien à Iffendic, le restaurant Côt& Gourmand à Rennes, etc.
J'expose aussi ponctuellement. En ce moment, je suis à la MJC Caravane à Servon-sur-Vilaine.

Et les galeries ?

J'ai eu des contacts mais avant que ça n'aboutisse... C'est compliqué. On promet de me rappeller et en fait...Les galeries aiment se laisser désirer. J'ai toutefois deux plans pour 2015. J'exposerai à la galerie La Galerie à Audierne et la galerie Seizhard à Rennes.

Comment t'es-tu fait connaître ?

Je me donne à fond. Je vais voir les gens, je les appelle, j'envoie des tonnes de mailing. Je balance toutes mes promos et mes actus sur Facebook et Twitter. Je fais les marchés d'art et les marchés de Noël. Chacun de mes vernissages est un mini événement, avec musique et mise en scène.


Ta démarche ressemble beaucoup à une opération marketing ?

Je suis un artiste commercial et j'assume. Restons humble ! Des Picasso et des Dali, il n'y en a qu'un par siècle. Des peintres comme moi, il y en a plein, alors à chacun sa manière de se démarquer.
Certains me regardent avec dédain quand j'organise des Tombol'art, des vernissages privés sur le même principe que les ventes à domicile. Ou quand je propose des locations de toiles. Mais je m'en fiche puisque ça marche.
Certains artistes, 35 ans de métier, m'ont même approché pour avoir des conseils, m'embaucher comme agent.
Rappelons aussi, qu'au départ, je suis commercial.

C'est quoi être artiste commercial ?

Je veux toucher un maximum de gens. L'art pour tous... Mon but ultime, c'est que 25 % des Français possèdent un jour un Borbès.
Pour cela, je m'inspire des tendances. La mode était au rose fluo l'an dernier, j'en ai introduit dans mes peintures. Résultat : j'en ai vendu cinq. Pour les plus âgés, je vais représenter des paysages marins. Me perdre ? Non, puisque je réinterprète les tendances à ma sauce.
Sinon, j'estime afficher des prix accessibles. Une pièce peut partir pour une centaine d'euros. Sauf une ou deux que j'aime vraiment, celles-là sont à 5 000 €. Si je ne les vends pas, ce n'est pas grave.

Vends-tu beaucoup ?

Certains mois oui. Il y a aussi des mois où je ne vends rien.

Qui achète ?

Il y a de tout : les jeunes, les couples, les sexagénaires, l'hurluberlu du coin, même les "RSAïstes" (récipiendaires du RSA, NDLR).

Expo à la MJC Caravane, à Servon-sur-Vilaine.

Tu as 40 ans, la peinture est venue tard...

Il y a une dizaine d'années, même si j'ai toujours eu ça en moi.
J'aime raconter cette anecdote ; elle donne un caractère romantique à mes débuts. J'étais à la maison avec ma fiancée de l'époque. Sur le mur était accrochée une toile de décoration, comme celle que l'on trouve à Ikéa. J'ai voulu me l'approprier. J'ai pris le rouge à lèvres de ma fiancée et j'ai barbouillé le tableau.
Quand mes amis l'ont vu, ils ont dit : "Ce n'est pas de toi ça ?" On préférait me voir comme un rustre que comme un peintre. J'ai sans doute voulu prouver le contraire.

As tu suivi une formation artistique ?

J'ai un doctorat d'"autodidactie" et huit ans d'autisme derrière moi (Rire). Sérieusement, je n'ai même pas le BEPC (Brevet des collèges, NDLR). La technique, la matière, les pigments, je les teste avec les yeux et les mains. Ça vient en faisant ; je n'ai pas peur de me tromper.
J'aime m'aventurer sur les chemins parallèles. Je préfère le couteau et la truelle au traditionnel pinceau. À la place de la toile, je peins sur des supports que j'ai récupérés : bois, tôle, carton, etc.

Tu te qualifies d'ailleurs de peintre instinctif...

Neuf fois sur dix je ne sais pas où je vais. Je peins comme ça vient, rapidement, et je ne reviens jamais dessus. De même pour le nom du tableau, je me donne dix secondes pour le trouver.
La peinture m'empêche de "cérébraliser". Sinon, je cogite sans arrêt. C'est la seule chose pour laquelle je fais des concessions, comme passer des heures à ciseler des arabesques.

Tu parles de violence que tu mets dans ta toile...

Pour moi, peindre c'est du sport. Je me défoule, je transpire. : un coup d'agrafe à gauche, un coup de marteau en bas, des coups de couteau pour appliquer la peinture. Mais, comme j'aime dire, ce sont des gestes violents adoucis par la couleurs. Je suis sensible à l'harmonie des couleurs.



Le style est plutôt abstrait ?

Je dirais plutôt figuro-abstrait. Les peintures représentent quelque chose mais libre à chacun d'interpréter ce qu'il veut. Je ne cherche pas à reproduire la réalité, je laisse cette mission au photographe.

Des projets ?

En décembre, j'enchaîne les marchés de Noël. Sinon, je rêve d'aller vivre à la campagne. Pouvoir, dans une grange, installer un atelier ouvert au public, à côté duquel il y aurait un showroom (lieu d'exposition et de vente, NDLR).


Site internet : borbes.wix.com














3 commentaires:

  1. mauvais dessinateur, j'ai découvert l'abstrait cet été, et suis tombé accro de cette technique; c'est fou les possibilités que ç'a offre, et tout y passe, brosse, couteau, doigts, brosse à dent électrique (si, si), raclette dentelée, il n'y a aucune limite; parfois j'ai une idée, et j'essaie de la reproduire, d'autres fois, je donne des coups de raclette, couteau, brosse, etc, et ça créée un tableau, c'est génial; je vois qu'on est un peu dans la même philosophie; en tout cas, ravi de voir tes créations, sur quel support que ce soit; chapeau l'artiste

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  3. Merci c'est bien de vivre de sa passion !
    à bientôt l'artiste !

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