samedi 25 janvier 2014

Expo Safe sounds, La Criée

Musique traditionnelle, guerre, richesses de la terre... L'artiste libanais Ziad Antar présente son pays en sept vidéos



L'artiste : Ziad Antar est né en 1978 à Saïda, au Liban. Il partage sa vie entre le Liban et Paris. Après des études d'ingénieur agricole, il décide de se consacrer à l'art. Ses expositions fréquentent les musées prestigieux. Tels que la Tate Modern (Londres) en 2008 ; le Centre photographique d’Ile-de-France (Paris) en 2010 ; ou encore le Philadelphia Museum of Art (Pennsylvanie, États-Unis) en 2011. Il est Lauréat du prix Future Generation Art Prize 2010, décerné par le Pinchuk Art Centre (Kiev,Ukraine).


Une balade dans l'expo :  Je rentre dans la salle, il fait sombre. Les vidéos projetées éclairent un peu la pièce. C'est calme. Juste la médiatrice qui lit au fond. Et une personne qui consulte la plaquette d'exposition. Moi aussi, j'en prend une. Sans elle, la visite tournerait vite court. La Criée n'a pas l'habitude de proposer des oeuvres accessibles et limpides.

 



Je m'assois. Devant moi, passent trois vidéos. A gauche Des Oliviers : les arbres, les olives, des mains qui tâtent les fruits. A droite Saïda , les côtes maritimes du Liban, les étals de poisson. Le bleu fait échos au vert des olives. Le travail de la mer à celui de la terre. Au centre, une vidéo musicale :Night of love. J'ai des frissons. Hsin Jung au violon. Puis Charbel Aber, à la guitare. Deux interprétations différentes d'une chanson populaire arabe : Laylit Hobb.
L'ensemble est doux et harmonieux. Comme un pied de nez aux tensions communautaires que connaît le Liban.

Un peu d'humour. Derrière moi,  la vidéo La Souris. Un jouet téléguidé en forme de souris se heurte à un piège en bois, sur laquelle est écrit Lucifer. Sans jamais se faire attraper. "L'affrontement est ici ridiculisé, tourné à la dérision".
 

J'aime beaucoup la suivante, La marche turque. Le concept est ingénieux. Un pianiste joue la marche turque de Mozart. Les cordes de l'instrument ont été bloquées. On entend aucune musique, juste un son percussif. Celui des doigts qui tapent sur les touches. Pour Ziad Antar, "la dimension poétique disparaît et introduit une sorte de marche militaire. Évoquant l'élite de l'infanterie de l'armée Ottomane, lorsque l'Autriche récupéra la Hongrie à l'Empire Turc".

Au fond de la salle, derrière les rideaux : Safe Sound. L'artiste montre le quotidien de sa famille, dans ce qu'il a de plus banal. A part quelques bruits de bombes, rien ne montre qu'elle vit la guerre des 30 jours. Celle qui opposa le Hezbollah à Israël, en 2006.


Verdict : Depuis que je fréquente la Criée, c'est, selon moi, l'expo la plus intéressante. Elle stimule agréablement l'ouïe et la vue. Ziad Antar aime son pays, et nous le montre. Il se refuse de le réduire aux tensions communautaires. Quand bien même la guerre existe, il est inutile de multiplier les images voyeuristes : armes, bombardements, morts. C'est lui faire trop d'honneur. L'art permet de prendre du recul, d'éloigner la pulsion destructrice de l'homme et pourquoi pas de la contourner.







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